Au cours de ces dernières années, de
plus en plus d’études se sont intéressées à
l’étude de la parole dans l’interaction conversationnelle.
Une des découvertes majeures, mise en évidence par ces études,
est la tendance que montrent les participants à une conversation
de s’imiter l’un l’autre. L’imitation semble agir
à tous les niveaux d’un échange conversationnel, y compris
au niveau phonétique. Par exemple, il a été montré
que des similarités de prononciation entre les participants augmentent
au fur et à mesure de la conversation et persistent après
celle-ci.
L’imitation est un phénomène qui est exploité
par les partenaires d’une interaction conversationnelle dans le but
de faciliter cette dernière. Ceci appuie l’hypothèse
d’une sensibilité des interlocuteurs aux caractéristiques
phonétiques fines qui dépendent du locuteur et qui influe
à la fois sur les dynamismes de l’interaction conversationnelle
mais aussi sur la mémoire lorsque l’interaction est terminée.
Ce projet représente une contribution importante et nouvelle. On
a longtemps pensé que les phénomènes de convergence
phonétique étaient récurrents au cours d’une
interaction conversationnelle sans qu’aucune étude n’est
jusqu’à présent investiguer ces phénomènes
de façon systématique et empirique. L’approche adoptée
ici est une approche pluridisciplinaire qui recouvre tous les facteurs gouvernant
le phénomène d’imitation, des intégrations sensori-motrices
jusqu’au niveau pragmatique. D’importantes analyses sur des
corpus de parole spontanée sont menées parallèlement
à des études expérimentales grâce à une
large variété des techniques et de méthodologies développées
par nos équipes de recherches au fil des ans. Ce consortium de recherche
est, selon nous, le meilleur moyen d’investiguer ce type de phénomène.
Ce projet a des implications théoriques et empiriques pour un grand
nombre d’études qui s’intéressent à la
production et la compréhension du langage. Il permet de mettre en
lumière les relations qui s’établissent entre la perception
et l’action dans la parole et contribuera ainsi à enrichir
le travail de recherche mené par le groupe GIPSA dans le cadre de
la théorie PACT « PACT theory » (Perception-for-Action-Control,
see Schwartz et al., 2007). Le projet aide également à l’identification
des détails phonétiques fins qui permettent de traduire l’identité
du locuteur dans la parole et permet d’avancer sur des questions telles
que la nature des représentations associées au mot dans le
lexique mental ou la plasticité de ces représentations chez
des locuteurs matures (Dufour, Nguyen & Frauenfelder, 2007). Notre recherche
se situe à l’interface entre phonétique et phonologie
dans la mesure où il cherche à détecter la formation
de nouveaux patterns phonologiques abstraits qui sont déclenchés
par les phénomènes de convergence phonétique dans l’interaction
conversationnelle. Ce travail permet également d’étudier
l’imitation dans la parole en tant que phénomène comportemental
qui exerce un certain nombre de fonctions pragmatiques centrales pour l’étude
des dynamismes des échanges convesarionnels. Nous envisageons donc
la parole dans l'interaction sociale, lieu d'occurrence premier du langage,
au travers du cadre théorique et méthodologique de l’analyse
conversationnelle développée par le groupe ICAR.
Groupes de travail
Groupe de travail 4